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[K-drama] — Les défunts ont une voix et une histoire dans Move to Heaven

Ma note : 18/20

Je m’étais promise de commencer Move To Heaven après, et seulement après, avoir fini le drama Taxi Driver. Mon impatience a eu raison de moi et j’ai dévoré ce drama en trois jours. Constitué de 10 épisodes d’environ 40 minutes, Move To Heaven est une production Netflix avec Lee Je Hoon (Taxi Driver, Signal), Tang Jun Sang (Crash Landing On You) et Hong Seung Hee (Navillera).

Han Geu Ru (Tang Jun Sang) est un jeune homme atteint du sydrome d’Asperger et qui travaille avec son père en tant que nettoyeur post-traumatique. Leur métier est de nettoyer les lieux après la mort d’une personne et de récolter leur biens les plus précieux pour les remettre à leurs proches. Cependant, le père de Han Geu Ru décède soudainement, laissant son fils orphelin. L’oncle de Geu Ru, Cho Sang Gu (Lee Je Hoon), qui sort à peine de prison, se voit alors proposer la garde de son neveu. Il va accepter dans le but de gagner de l’argent grâce à la tutelle, mais pour cela il doit d’abord passer trois mois d’essai en travaillant avec Han Geu Ru pour l’entreprise de nettoyage post-traumatique, « Move To Heaven ». Il sera surveillé par Yoon Na Mu, meilleure amie de Geu Ru, qui trouve cet oncle très suspect et n’est pas sûre qu’il puisse s’occuper correctement de Geu Ru.

Voici donc 4 raisons de voir Move To Heaven !

En savoir plus sur le nettoyage post-mortem

En commençant ce drama je ne connaissais rien au nettoyage post-traumatique (« trauma cleaner » en anglais), à vrai dire je ne savais même pas que c’était un métier. Tout bêtement, je ne m’étais jamais posée la question : qui nettoie après la mort d’une personne ? La question se pose d’autant plus quand les personnes meurent seules ou lorsque se sont des scènes de crime. Le drama est d’ailleurs inspiré du livre The Things Left Behind par Kim Sae-Byul, un ancien « trauma cleaner » (voire l’interview avec Kim Sae Byul et les acteurs). Move To Heaven m’a donc fait découvrir ce métier assez peu connu et difficile mais pourtant nécéssaire. J’ai beaucoup aimé la façon dont, dès le début, on nous montre à quel point ce métier peut être mal vu par certaines personnes. Le fait de travailler directement, ou presque, en contact avec la mort fait peur ou dégoûte certains. Même Cho Sang-gu au début est plein de préjugés. Plusieurs fois différents personnages doivent rappeler que leur métier consiste en un nettoyage post-traumatique.

Chaque épisode est centré sur une mort et donc un nettoyage. A travers les différents décès on peut observer comment se déroulent les nettoyages, plus ou moins difficiles. Ensuite, vient la phase de rangement et de tris des affaires. J‘aime la façon dont la boîte jaune de Move To Heaven devient l’âme du défunt. Ce n’est ni la tombe ni l’urne funéraire qui représente la personne décédée mais bel et bien cette boîte qui contient ses biens les plus précieux. J’ai trouvé la symbolique très belle. Geu Ru, notre héros, accorde beaucoup d’importance à son métier et aux boîtes : il fait tout son possible pour remettre les dernière possession du défunts à ses proches, même si ceux-ci refusent ou bien semblent introuvables. Et j’ai justement aimé la façon dont chaque épisode nous montre tant une mort qu’une vie : à travers les biens d’une personnes, on peut apprendre à la connaître, ne serait-ce qu’un peu.

Han Geu-ru remettant une boîte à la famille du défunt

J’ai beaucoup aimé les petites enquêtes pour comprendre le défunt ou pour retrouver le destinataire de la boîte. Geu Ru est extrêmement intelligent et possède une mémoire impressionnante (cela étant dû à son syndrome d’asperger). Avec sa volonté de fer, c’est grâce à lui que les boîtes arrivent à bon port. Comme le dit notre héros, les objets de la personne décédées sont comme les pièces d’un puzzle qui, assemblées, nous permettent de mieux la comprendre.

Même si centré sur la mort, le drama n’avait jamais rien de morbide. Les morts ont une voix, une histoire et restent reliés au monde des vivants par le biais de leurs possessions et de notre trio principal. J’ai beaucoup apprécié cette approche différente de la mort, qui rassure presque.

A travers les morts, des problèmes sociaux

Sans être engagé, Move To Heaven aborde des sujets parfois assez sensibles, touchant notamment la société coréenne.

A travers nos personnage principaux, on aborde nécessairement la question du handicap et de la différence. Geu Ru est atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme, et est parfois moqué ou embêté à cause de cela. Le personnage de Cho Sang-gu, son oncle, le critique même au début, l’accusant de parler comme un robot ou d’être un maniaque de la propreté. Move To Heaven, aidé par le jeu de Tang Jun Sang, nous montre que la différence est une chose qui doit être acceptée. Être différent n’est pas mal. Cho Sang-gu va petit à petit s’habituer au mode de vie de son neveu, apprendre à vivre avec. Mais il va aussi l’aider, comme lors de la scène du parc d’attraction. Comme dans It’s Okay To Not Be Okay, j’ai été heureuse de voir un personnage autiste non stéréotypé, jamais je n’ai été mal à l’aise face au jeu de l’acteur.

Geu-ru et son père

Bien évidemment, avec un drama sur la mort et le nettoyage post traumatique, la question du deuil est également mise en avant. Chacun vis son deuil différemment. Geu-ru, qui semble aller plutôt bien après le décès de son père, se révèle en réalité très affecté. Cho Sang-gu perd son disciple qu’il aimait énormément et cela va également le changer. Au fil des épisodes, on peut voir rapidement comment chaque personnage réagit face au décès d’un proche. Je trouve qu’avec le principe de la boîte on rend les morts parfois plus « douce », dans le sens ou le dernier message du défunt est passé. Il y a moins de regrets pour les vivants et les morts.

Enfin, chaque défunt a une histoire et grâce à cela, Move To Heaven touche à de nombreux sujets. Relations homosexuelles, exploitation professionnelle, adoptions d’enfants à l’étranger qui ne sont pas naturalisés par la suite, suicide, violence conjugale ou bien maladie de sportifs (comme le syndrome du boxer, aussi appelé démence pugilistique). Tous ces thèmes sont abordés avec beaucoup de justesse. Bien sûr, le drama nous apporte aussi des messages d’espoir. Les criminels sont attrapés, les problèmes sociaux sont dévoilés au grand jours par les médias et il existe des associations, incarnées notamment par le personnage de l’assistante sociale, interprété par Sooyoung (Run On), qui aident les personnes en difficulté. J’ai bien aimé que le drama pointe du doigt les problèmes existant au sein de la société coréenne et qui nécessitent d’être étudiés sérieusement par les politiques.

Une réalisation et un format efficace

J’ai de plus en plus l’impression que les dramas courts, avec entre 10 et 12 épisodes, sont toujours de bonnes surprises. J’ai adoré Navillera, Move To Heaven est aussi excellent et je passe également un bon moment devant Youth Of May. Avec uniquement 10 épisodes, l’histoire ne traîne pas du tout et chaque épisode est intéressant et possède son lot de rebondissements. Même si l’on a un cas par épisode, il y a en même temps un vrai fil rouge et une histoire de tolérance, de deuil et d’acceptation de la différence en toile de fond.

J’ai beaucoup aimé la réalisation de ce drama, il y a des images très belles mais c’est surtout son originalité qui m’a plus. Je trouve que cette réalisation qui sort de l’ordinaire (par exemple, on peut voir des raies manta voler comme des oiseaux dans le ciel) correspond beaucoup au personnage de Geu Ru. Notre héros voit donc le monde à sa façon et je trouve que la réalisation en témoigne. J’aime aussi la façon dont, lorsque Geu Ru réfléchit, on peut voir les objets « voler » au-dessus de sa tête. Les couleurs sont toutes vives, il n’y a pas du tout d’ambiance sombre et pesante. D’ailleurs le drama n’est pas exactement dramatique, il est plus touchant, avec ses moments tristes oui mais aussi ses moments joyeux et drôles. Pas d’OST dans Move To Heaven à part les musiques classiques qu’écoute Geu-ru et j’ai trouvé que cela suffisait parfaitement.

Des personnages peu nombreux mais bien développés et très attachants

Pour commencer je suis obligée de parler de Cho Sang-gu, interprété par Lee Je Hoon. Découvert dans Taxi Driver, Lee Je Hoon est un acteur que j’aime désormais beaucoup (il faut absolument que je regarde Signal !) et c’est ainsi que je suis tombée sur Move to Heaven. Je n’ai pas été déçue du jeu de Lee Je Hoon. Son personnage, Cho Sang-gu est ce type de personnage que j’aime beaucoup. Assez bourru et amère au début de l’histoire (il a un passé difficile, évidemment) il va beaucoup évoluer. Et j’adore les personnages qui évoluent aussi bien ! Sang-gu travaille pour « Move To Heaven » mais il est également boxer underground, chose qui le met assez en danger. Son personnage m’a beaucoup ému par moment, surtout son histoire avec son disciple. J’ai été d’ailleurs ravie de trouver Lee Jae Wok (I’ll Go to You When The Weather is Fine) dans ce rôle ! La rencontre entre Cho Sang-gu et Geu-ru va faire des étincelles mais va être aussi très belle. J’adore également la relation de Sang-gu avec Na Mu, toujours à se disputer, ils me faisaient bien rire. Son petit crush pour l’assistante sociale était adorable (si saison 2 il y a, je veux les voir !).

Cho Sang-gu et Han Geu-ru

Nous avons ensuite Geu-ru, adolescent de 20 ans qui devient orphelin au début de l’histoire. Ayant déjà perdu sa mère enfant, il perd ensuite son père. Il va alors être placé sous la tutelle de son oncle fraîchement sorti de prison. Sang-gu est très différent de son père (Geu-ru le qualifie principalement de « sale »), mais j’ai beaucoup aimé la façon dont Geu-ru va évoluer au contact de son oncle qui, finalement, le traite comme une personne absolument normale et cela fait vraiment du bien. Il ne couve pas Geu-ru et n’hésite pas à lui dire ce qu’il pense, au risque d’être parfois assez violent verbalement. Petit à petit il va s’attacher à Cho Sang-gu et c’était tellement beau à voir. Sang-gu est doté d’une excellente intelligence, d’une grande capacité d’analyse et d’une mémoire (auditive et visuelle) impressionnante, dû à son syndrome d’Asperger. Et, comme Moon Sang Tae dans It’s Okay To Not Be Okay avec son obsession pour les dinosaures, Geu-ru est passionné par les animaux marins. Il adore se rendre à l’aquarium, là où son amie Na Mu travaille à temps partiel. C’était la deuxième fois que je voyais l’acteur, déjà vu dans Crash Landing On You et je l’ai trouvé très bon, même si son jeu ne m’a pas non plus totalement transporté (j’avais préféré le jeu de Oh Jung Se, mais comparer un jeune acteur avec un vétéran ne serait peut-être pas très fair play).

Enfin, il y a Na Mu. C’est la meilleure amie de Geu-ru et elle est très protectrice car elle a peur qu’il lui arrive quelque chose. J’ai trouvé que parfois elle en faisait un peu trop. Elle va voir d’un très mauvais œil l’arrivée de Cho Sang-gu dans la vie de son ami, dont le passé turbulent et les matchs de boxe illégaux lui semblent dangereux pour Geu-ru. Pourtant, sûrement à force de dispute, elle va finalement se rapprocher de Cho Sang-gu. J’aurais justement aimé avoir plus de moments entre eux, en voir un peu plus sur leur amitié. Je trouve que le personnage de Na Mu aurait pu être encore un peu plus exploité. On a du mal à savoir pourquoi elle travaille à l’aquarium, pourquoi elle tient vraiment à travailler à « Move to Heaven » : pour Geu-ru ? parce que ça lui plaît ? ou les deux ? J’ai bien aimé l’actrice, toute énergétique !

Na Mu

Move To Heaven est un drama que j’ai beaucoup aimé et que je recommande vivement pour son histoire, ses personnages et ses acteurs. J’ai étendu qu’il pourrait y avoir une saison 2, je trouve que la saison 1 se suffit à elle-même mais je suis toujours d’accord pour une suite 😉

Source images : 1,2,3,5

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